Transition énergétique et croissance de l’électricité verte – Un résumé de la Grande conférence de l’AIEQ

C’est le 10 octobre dernier que s’est tenue la Grande conférence de l’AIEQ. Les thèmes abordés lors de cet événement ont été la croissance de l’électricité verte, le développement massif des réseaux autonomes, le stockage d’énergie, les infrastructures de recharge pour véhicules électriques et les technologies de type blockchain et de cryptomonnaie.

L’événement, qui a réuni plus de 130 participants, a été un grand succès !

Le futur sera électrique
Le secteur de l’énergie électrique est sur le point de vivre une profonde transformation. Cette nouvelle réalité d’affaires obligera l’industrie électrique à relever de nombreux défis technologiques et économiques au cours des prochaines années. Ces grands enjeux concernent, entre autres, l’intégration massive des énergies renouvelables dans les réseaux de transport d’électricité, le développement de réseaux intelligents, l’utilisation de vastes quantités de données numériques, une forte croissance de l’électrification des transports et plusieurs autres nouvelles réalités d’affaires. La grande majorité de ces thèmes ont été abordés lors de la Grande conférence de l’AIEQ.

Les conférenciers invités à cet événement ont maintes fois mentionné que la tendance généralisée est à la décarbonisation de l’économie, et que dans cet esprit, les promoteurs éoliens et solaires peuvent envisager d’accroître leurs activités au cours des prochaines années. Parce que les coûts des centrales solaires et éoliennes diminuent rapidement, de 10 % à 20 % par année, les projets sont de plus en plus rentables et très compétitifs par rapport aux énergies fossiles.

Deux promoteurs québécois importants, Innergex et Kruger énergie, présents lors de la Grande conférence, ont mentionné qu’ils ont plusieurs nouveaux projets en développement au Canada, aux États-Unis, en Amérique latine et en Europe principalement. Le portefeuille d’actifs d’Innergex inclut des intérêts dans cinq projets d’une puissance installée nette de plus de 700 MW. Les deux promoteurs québécois s’intéressent à l’énergie éolienne, certes, mais également au solaire, à l’hydroélectricité et au stockage d’énergie.

Les promoteurs ont toutefois mentionné que la croissance de l’électricité verte doit être envisagée dans une perspective d’innovation puisque l’optimisation de la performance des nouveaux projets d’énergie renouvelable demeure l’une des clés importantes du succès.

Il a également été question de l’hydrogène et de son potentiel de croissance en Europe et en Amérique du Nord. Les créneaux associés de cette filière sont l’électrification des transports, le stockage d’énergie et la gestion des réseaux. Grâce à l’hydroélectricité abondante au Québec, il est possible de produire de l’hydrogène « propre » en grande quantité et à un coût avantageux. Le gouvernement du Québec a exprimé clairement sa volonté de développer cette filière. Ce qui est une bonne nouvelle !

Un besoin de nouvelles technologies
La Grande conférence a également permis de faire le point sur plusieurs technologies qui seront en grande demande au cours des prochaines années. L’infrastructure de recharge pour véhicules électriques, entre autres, connaîtra une croissance importante. L’électricité deviendra bientôt le « carburant » de choix de plusieurs propriétaires de véhicules. Le Québec est en tête des provinces en ce qui concerne les ventes de véhicules électriques. Pour soutenir cette croissance, le nombre de chargeurs EV publics est également en forte augmentation. Au cours des prochaines années, les fabricants des infrastructures de recharge devront toutefois tenir compte de plusieurs éléments pour que les bornes de recharge soient adaptées aux nouvelles réalités du marché qu’elles répondent aux besoins des propriétaires de véhicules électriques (ex.: penser à des bornes pour de courts trajets et d’autres pour de longs trajets ; penser à l’impact de la recharge massive de véhicules électriques sur le réseau de transport d’électricité, penser à la recharge intelligente.)

Il a également été question du stockage d’énergie. Les technologies rattachées à ce secteur connaîtront une progression importante au cours des prochains mois. Lors de la conférence, le stockage d’énergie hybride thermique + air comprimé et le stockage souterrain ont été présentés.

Les technologies liées aux réseaux autonomes ont également été présentées lors de l’événement, dont celles utilisées dans le cadre du projet Raglan. Ce dernier est un projet de jumelage éolien-diesel-stockage qui permet de limiter les coûts et de diversifier la production énergétique. L’entreprise Tugliq a installé une éolienne de 3 MW, des Batteries Li-Ion en appui au réseau ; une boucle hydrogène constituée d’un électrolyseur et un système de contrôle et d’acquisition de données (SCADA), pour assurer une surveillance à distance. Il s’agit du plus grand réseau autonome industriel de l’Arctique canadien.

La démarche d’Hydro-Québec visant à accroître la performance de ses 22 réseaux autonomes a été présentée lors de la Grande conférence. Hydro-Québec souhaite « convertir ses réseaux autonomes à des sources d’énergie plus propres et moins chères ». Plusieurs technologies seront implantées sur les différents réseaux, dont l’installation de panneaux solaires, de batterie, de petites éoliennes, etc. Il s’agit d’un grand défi puisque malgré une amélioration notable des technologies et une réduction des coûts, la rentabilité demeure marginale.

Les technologies blockchain et de cryptomonnaie 
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission de l’information basée sur un registre sécurisé, et dont la gouvernance peut être décentralisée entre pairs. Mis à part pour la cryptomonnaie de type Bitcoin, la technologie est peu connue et peu exploitée pour l’instant, mais son potentiel est grand, notamment dans le secteur de l’énergie.

Les utilisations à haut potentiel sont les plateformes de commerce offrant des crédits pour la production d’énergie renouvelable issue de l’hydroélectricité, de l’éolien, d’usines de traitement de la biomasse, d’énergie solaire ou d’usines géothermiques (voir le programme SPARK d’Alectra en Ontario). La Blockchain facilite l’identification de la provenance de ces crédits, tout en simplifiant les audits et en améliorant la transparence. L’autre application intéressante de la blockchain dans le secteur de l’énergie est le commerce pair-à-pair. Dans ce type de transaction, des individus peuvent produire leur propre énergie à partir de sources d’énergie renouvelable dans leurs foyers, leurs bureaux et leurs usines, et se partager cette énergie entre eux localement.

Bien sûr, l’usage le plus connu est la cryptomonnaie. Et le Québec, grâce à son énergie verte, abondante, disponible et peu coûteuse, offre un contexte favorable à la croissance de cette technologie.

Les conférenciers présents à la Grande conférence ont mentionné que, bien que les retombées économiques liées au développement de la cryptomonnaie sont relativement faibles, il peut être fort intéressant pour le Québec de fournir une forte quantité d’électricité à des promoteurs de cette technologie et de bâtir un réseau d’entreprises liées à cette technologie émergente. À titre d’exemple, la ville de Shawinigan, présente lors de la Grande conférence, possède déjà un réseau d’entreprises qui favorisent ce créneau d’affaires.

Le 21e siècle sera électrique
Dans son tout récent « Energy Outlook 2018 », l’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe un boom de l’électricité de source renouvelable :

« Le secteur de l’électricité est en train de vivre sa transformation la plus spectaculaire depuis sa création il y a plus d’un siècle », souligne l’AIEQ. Ces nouvelles réalités d’affaires favoriseront l’accélération des développements technologiques et permettront aux entreprises du Québec de profiter de ces occasions au Québec et à l’international.

En somme, la Grande conférence de l’AIEQ édition 2018 a permis de confirmer que le constat de l’Agence internationale de l’énergie se concrétise sous nos yeux.

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